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SPÉCULATIONS

sion aux bonnes mœurs jusqu’à la « carte » officielle.

Il est permis aux pudibonds de supposer que la pure jeune fille ne désirait cette estampille légale que pour s’en prévaloir afin de retirer d’un bureau de poste quelque valeur, envoi affectueux de ses vieux parents ; ou peut-être à ses yeux était-ce une distinction méritoire, du genre de celle qui tend à faire croire que les gens d’honneur sont légion.

Il est remarquable — nous voulons dire : il est à remarquer, personne n’ayant pris ce soin avant nous — que les femmes féministes, au cours de leurs revendications, négligent, on ne sait pourquoi, de reconnaître cette prérogative accordée à certaines d’entre elles par l’État. La femme, en France, dit-on, ne peut rien seule selon la loi. On oublie qu’il y en a quelques milliers, dites pour antiphrase soumises, qui sont vraiment libres et dont les actes sont légaux. La civilisation s’organisant avec lenteur, le temps n’est pas encore proche où toute fille non en puissance de mari dépouillera les préjugés antisociaux et naîtra à l’existence civile par ce diplôme.

Le législateur n’aura alors que fort peu à modifier à la teneur du petit rectangle de carton, devenu universellement répandu, pour qu’il soit aux femmes ce qu’est aux hommes la carte d’électeur.