Page:Jarry Faustroll 1911.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
SPÉCULATIONS

main avec l’habitude des aliments cuits. La cuisson interviendra-t-elle, dans quelques mille ans, même en amour ? Quoi qu’il en soit, conscients de l’affront fait aux morts, les survivants s’efforcent de le pallier par des présents, fleurs et couronnes, ornées de protestations d’affection déclamatoires et non suivies d’effet. Il n’est pas étonnant que M. Ardisson, au cours de sa carrière de fossoyeur, ait été révolté par ces inscriptions fallacieuses et se soit décidé à donner l’exemple qu’eût dû offrir tout honnête homme, en prouvant son amour de l’humanité morte par des expansions plus indéniables.

L’usage de forniquer avec les morts a toujours été considéré comme au plus haut degré saint et moral. Sans rappeler la coutume de certains peuples, qui enterrent l’époux vivant avec son conjoint décédé, remarquons-en un vestige dans notre usage, qu’une personne veuve ne se remarie point avant quelque délai. Or ce délai n’a aucune signification, à moins qu’il ne soit consacré à des rapports sexuels d’outre-tombe. Il fut sans doute primitivement mesuré sur le temps qui précède la décomposition du cadavre. Les Papes ont toujours été très partisans de cette union posthume, et même sans aucune limite de durée ainsi qu’ils l’ont fort clairement exprimé par leur hostilité permanente à l’égard du divorce, par lequel les époux éluderaient le devoir conjugal, en l’autre