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Page:Jarry Faustroll 1911.djvu/228

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SPÉCULATIONS

Sa définition, telle qu’il la formula, reste exacte, car n’y a-t-il pas plus de différence entre le « style », quand le style est réalisé, qu’entre la simple parole et l’ « alalisme » ?

Un problème parallèle est le suivant : l’homme pourrait-il vivre sans le secours des dates ? La durée est chose trop transparente pour être perçue autrement que colorée de quelques divisions.

A-t-on remarqué que tous les héros sont morts jeunes, si l’on compte leurs jours à la mode humaine ? Alexandre et Napoléon ont eu trois ou quatre — accordons même vingt ou trente — points de repère dans leur carrière, parce qu’ils ne faisaient attention qu’à ceux-là. Un géant ne compte que par Himalayas. Bouvard et Pécuchet ont eu cent mille anniversaires sensationnels, parce que tout leur fut prétexte à anniversaires. On connaît l’illusion d’optique : de deux lignes droites égales, partagez l’une en un certain nombre de fragments, ce sera — pour l’œil — la plus longue. Un écu s’affirme par ses quartiers, lesquels, comme on sait, peuvent être beaucoup plus de quatre.

Il y a, à Lyon, une horloge qui marque les siècles. Tous les cent ans, son aiguille franchit un degré exactement pareil aux minutes de nos cadrans pneumatiques. Les bourgeois qui ont assisté à ce spectacle s’en retournent grandis.

Aussi solennellement donc, mil neuf cent