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SPÉCULATIONS

pieuses, ensuite, qui boivent de cette eau. Et de même que la gazelle altérée cherche une oasis dans le désert, ces bons chrétiens assiègent les chemins de fer pour parvenir à la source miraculeuse. Des trains de pèlerins transportent, à prix réduits, les personnes pieuses aussi, mais d’une fortune relativement modeste. Des personnes plus pauvres encore, à défaut d’eau de Lourdes, dégustent de l’eau de Saint-Galmier et de mille autres saints. Car l’eau de Lourdes ne supporte pas le voyage, il est bon que les hôteliers vivent, ainsi que les compagnies, de qui les voies de fer sont impénétrables, à l’instar de celles, plus douces, de Jésus. Et le bon Dieu n’a-t-il pas dit : si la montagne ne vient pas à vous, allez à la montagne, ou à la grotte ?

« Mon cher enfant, si vous voulez bien souscrire à cette bonne œuvre d’une petite somme, j’ai imaginé, pour le bien des fidèles, l’édifiante entreprise de « l’Eau de Lourdes à domicile », aseptisée, pour une modeste obole de supplément, par des filtres Chamberland, système Pasteur, et aromatisée, pour les personnes délicates, à leur parfum favori. On trouve au siège de l’œuvre en location, ou l’on reçoit contre remboursement en toute propriété, le collier-douche, le tub-piscine et, eh, eh, eh, eh, divers petits mécanismes intimes et hydrauliques assurant aux dames pieuses la naissance d’enfants mâles, ou à leur gré leur non-naissance, accom-