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GESTES ET OPINIONS DU DOCTEUR FAUSTROLL

poussiéreuse. Je compris que le docteur parlait de la marée de la terre, et crus qu’il était ivre, ou moi, et que le sol fuyait au nadir, comme un bas virtuel dérobé par un cauchemar. Je sais maintenant qu’outre le flux de ses humeurs et la diastole et systole qui meuvent son sang circulaire, la terre bande des muscles intercostaux et respire vers le rythme de la lune ; mais la régularité de cette respiration est douce, et peu d’hommes en sont informés.

Faustroll prit des hauteurs d’astres, qu’il scrutait aisément devant la taie du ciel d’une rue étranglée, et me dit de noter que le rayon terrestre, par la dénivellation du reflux, était déjà raccourci de centimètres 1,4 × 10-6 ; donnant ordre à Bosse-de-Nage de jeter l’ancre, et protestant que le seul prétexte, digne de sa Doctrine, d’un terme à notre chemin errant, était que sous nos pieds l’épaisseur de la terre jusqu’à son centre n’était plus assez honorablement profonde.

Or il était midi, l’étroitesse de la ruelle déserte comme un intestin à jeun, et nous faisions relâche, inscrivaient les chiffres des murs, devant la quatre mille quatrième maison de la rue de Venise.

Entre les rez-de-chaussée au sol battu, vu par des portes plus larges que la rue mais moins béantes que l’attente des femmes sur l’uniformité de leurs lits, Faustroll agitait la