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Page:Jaubert - Souvenirs de Madame C. Jaubert. Lettres et correspondances.djvu/10

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tionnera ! Avait-il foi, croyait-il vraiment au retour de notre Henri ?...

-Assez, Richomme, assez!

-Assez, dis-tu ? Alors, je leur répondrai: -Notre chef politique ne traitait jamais de légitimisme en plein vent! Une fois au grand air, il ne s’occupait plus que de ses peupliers, ou des femmes si elles étaient jolies !

-Archifou que tu es, interrompit le châtelain, qui ne pouvait ainsi que nous s’empêcher de rire, faut-il encore te rappeler que tu es mon aîné, ce que tu oublies sans cesse ?

-C’est vrai, pardonne-moi. Je me complais dans une petite débauche d’imagination; ma vanité s’épanouit dans l’avenir.

-Et ton cœur, mauvais ami ?

-Ah ! mon cœur ? Il a son tour ; il ne peut fournir deux sentiments à la fois.

-Allons, allons, il faut que tu me prouves ton attachement au dîner ; nous demanderons du champagne, et tu boiras à ma longue vie.

-Bravo! Je promets de boire ferme ! »

Berryer, pour son compte, ne se livrait jamais à ce genre d’excitation ; mais il souffrait avec une douce indulgence le plaisir très vif que trouvait parfois Rikomski dans une demi-ivresse.

Ce nom de Rikomski, avec lettres de noblesse polonaise, avait été octroyé par Mme Berryer, et avait survécu à la plaisanterie qui lui avait donné naissance. Le physique du personnage rendait comique toute prétention. Petit, trapu, chauve, nez vulgaire, bouche de satyre, teint vineux, petits yeux gris, fins et caressants, tel était le physique du personnage. J’ajouterais qu’il rappelait singulièrement. Étienne Béquet, des Débats, si je ne me souvenais, à propos de cette comparaison, de M. le vicomte de Chateaubriand, qui, dans un de ses ouvrages,