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L’ACTION CLÉRICALE ET L’ENSEIGNEMENT

« La Dépêche » du jeudi 21 août 1890

M. Ranc a bien raison de rappeler aux républicains que le parti clérical existe toujours et que, seul, il fait la force des ennemis de la République. Il sait varier sa tactique. Tantôt, comme au Vingt-Quatre-Mai, il appuie des tentatives de restauration monarchique ; tantôt, comme au Seize-Mai, il prend la tête du mouvement et sert de lien à toutes les forces réactionnaires ; tantôt, comme dans l’aventure boulangiste, il se dissimule derrière quelques faux démocrates et marche à l’assaut de la République sous le drapeau socialiste.

Aujourd’hui, il comprend que, dans l’espèce de lassitude où est tombé notre pays après tant de secousses et de crises, il n’y a plus ni idée générale, ni sentiment commun, il n’y a plus que des intérêts ; et comme il a une organisation merveilleusement souple et puissante, il essaie de créer partout, sous sa direction, des groupes d’intérêts. C’est ainsi que, pour être embauché dans certaines mines, il n’est point inutile d’avoir une recommandation du curé, et qu’il se forme dans nos populations ouvrières de petits clans ardemment dévoués