Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/147

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réveillé la liberté politique. Dans les premières années du règne de Louis-Philippe, quand l’ébranlement démocratique des journées révolutionnaires se faisait encore sentir au pouvoir, et quand la fougue des rénovations intellectuelles n’avait pas été amortie chez les plus grands esprits par la médiocrité de la politique censitaire, l’idée de créer des Universités reparut. Guizot, Dubois, Cousin, l’ancien duc de Broglie proposaient des Universités ; mais cela n’aboutit pas, car la mesquinerie des luttes personnelles dans le Parlement et la résistance croissante à la démocratie absorbèrent toutes les forces de la monarchie de Juillet. Le second Empire maintint, il est à peine besoin de le dire, la dispersion des Facultés et des écoles, et l’enseignement supérieur s’étiola peu à peu. Lorsqu’on s’aperçut, enfin, qu’il fallait réparer le mal, une grande commission fut instituée en 1870, avant la guerre, sous la présidence de Guizot, et elle conclut à la création d’un petit nombre d’Universités.

C’est la troisième République qui a préparé peu à peu la réalisation du programme primitif de la Révolution française en matière d’enseignement supérieur. Tous les ministres de l’Instruction publique, depuis vingt ans (je ne parle pas des ministres du 24 Mai et du 16 Mai, ils avaient autre chose à faire), ont eu en vue le même idéal.