Il est vrai que d’habitude c’est pour combattre indirectement la laïcité qu’on fait appel aux franchises communales. Mais je crois, après réflexion sérieuse, qu’au fond de cette tactique il y a une erreur de doctrine. Si la commune n’est pas un être fictif, elle n’est pas non plus une personne réelle. Elle a été, il est vrai, faite par l’histoire, mais elle tient son autorité de l’État ; elle tient de l’État le droit sans lequel tous les autres sont vains, le droit de lever l’impôt. Donc, si vous accordiez à la commune la faculté d’avoir des écoles à elle, fondées, entretenues, dirigées par elle seule, la commune, parce qu’elle tient son autorité de l’État, n’aurait pas le droit d’aller contre le principe dominant de l’enseignement public.
Or, ce principe, c’est que la société française repose non plus sur l’idée religieuse transmise et discutable, mais sur l’idée naturelle de justice, acceptée par tous. Et la laïcité n’étant que l’expression de ce principe, non seulement l’école publique, mais l’école exclusivement communale devrait être laïque. Mon vœu est donc simple, je demande seulement, lorsque la commune aura pourvu à toutes ses obligations envers l’État, lorsqu’elle aura créé le nombre d’écoles publiques exigé par celui-ci, qu’elle ait encore le droit, à ses frais, et sans sortir de la laïcité, d’instituer des écoles d’expériences où des programmes nouveaux, des méthodes nouvelles puissent être essayés, où des doc-