Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/203

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contre eux. Voilà par exemple des instituteurs qui se plaignent, et ils sont nombreux, que la loi votée récemment sur le traitement des instituteurs n’est appliquée ni dans son esprit ni dans sa lettre, et qui chargez-vous de recueillir ces plaintes ? Justement les bureaux de la rue de Grenelle, qui président à l’application de cette loi !

De plus, allez-vous permettre, monsieur le ministre, à ces professeurs dispersés ou à ces instituteurs, de se concerter pour donner une expression commune à leurs griefs ? Voilà des instituteurs qui ont à s’adresser au Parlement ; on le leur défend. Ils ne pourront s’adresser qu’au ministre en passant par la hiérarchie, c’est-à-dire par l’inspecteur primaire. Il y aura donc autant de pétitions distinctes que d’inspecteurs primaires ? Ce n’est pas possible. Les réclamations des instituteurs primaires ne peuvent valoir quelque chose, ne peuvent émouvoir la représentation nationale et l’opinion que si elles ont un certain caractère d’ensemble, que si elles sont concertées et si elles représentent la formule générale des besoins unanimes du corps enseignant. Allez-vous permettre, et c’est une question très précise que je formule, à vos instituteurs et à vos professeurs — car nous en sommes encore réduits, avec ce régime de circulaires, à dire, en parlant au ministre, « vos instituteurs, vos professeurs », puisqu’ils n’ont pas de recours direct devant