Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/210

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central, lorsque ce professeur atteint dans sa dignité d’homme, dans sa conscience de citoyen, dans sa conscience d’éducateur, qui sait qu’il ne mérite pas l’ignominieux reproche ramassé je ne sais où, dit dans une séance du conseil municipal : « Monsieur le maire, vous avez, hier, dans une occasion qui ne comportait pas de pareille polémique, prononcé contre la minorité du conseil municipal, et contre la population qui lui a donné sa confiance, des accusations odieuses…» — voilà le crime, messieurs… — il est traduit devant le tribunal correctionnel ; on bâillonne l’avocat qui vient le défendre, on le condamne à deux cents francs d’amende pour permettre des mesures de rigueur.

Il fait appel, il vient ici trouver le ministre de l’Instruction publique, M. Spuller ; il lui apprend qu’il a fait appel. M. Spuller lui répond : « Je ne savais pas cela, et, comme je ne vous avais frappé qu’à cause de votre condamnation, je vais surseoir à la mesure prise jusqu’après l’arrêt. » M . Marty part sur cette assurance ; il se rend à Albi ; il y trouve son successeur installé, et une dépêche qui lui annonçait non pas un sursis dans la décision prise, mais un simple congé. Voilà la vérité !

L’appel suit en effet son cours. La cour d’appel, ne pouvant pas invalider brutalement le jugement rendu à Albi, l’invalide moralement, en ramenant la peine de 200 à 16 francs, avec application de la loi Bérenger