Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/220

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griefs de quelques-uns de ses membres. Il disait : « S’il est des professeurs qui veuillent, hors de leur classe, dans la vie civile ou politique, soutenir des doctrines qui ne représentent pas exactement la pensée gouvernementale, qu’ils aient au moins le courage de ne pas se dédoubler, de ne pas couper leur pensée en deux, qu’ils soient dans leurs classes ce qu’ils sont au dehors et qu’ils disent dans leurs classes ce qu’ils disent au dehors. » — Eh bien, j’oserai adresser à M. le ministre de l’Instruction publique le même appel. Il a formulé d’une façon indirecte, je le dirai sans viser le moins du monde ses intentions, d’une façon détournée, deux propositions graves qui restreignent le droit des professeurs. Je lui dirai, moi aussi : « Ayez le courage, la franchise de les formuler nettement, explicitement. »

Vous avez dit qu’il était dangereux pour le bon ordre de nos établissements d’enseignement public que les professeurs fussent investis d’un mandat politique, qu’ils ne devaient se risquer dans cette voie qu’avec une extrême réserve, que leur entrée dans la vie politique, dans ses luttes, était pleine de périls pour l’Université, à laquelle ils devaient songer d’abord ; et vous avez montré que c’est à propos d’incidents soulevés par l’arrivée des professeurs à la vie politique, à l’exercice des mandats politiques, que vous aviez été obligé de les frapper.

Eh bien ! messieurs, il y a une loi électorale qui crée