Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/222

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profondément surpris — que lorsque les professeurs, les instituteurs, les petits maîtres de collège se risquaient à briguer un mandat électif, ils risquaient de renverser la hiérarchie professionnelle et d’y substituer une hiérarchie nouvelle. Et vous avez cité comme une sorte de scandale le cas d’un simple instituteur qui, devenu conseiller municipal ou maire, pouvait en cette qualité, en vertu de ce mandat politique, avoir une autorité sur ceux qui, dans l’ordre professionnel, étaient et devaient rester ses supérieurs.

J’ai vu ce cas se produire ; il m’est arrivé à moi, simple chargé de cours à la Faculté de Toulouse, d’être adjoint à la municipalité de Toulouse. Je devenais ainsi, selon votre doctrine, le supérieur de mon doyen et de mon recteur. Je vous assure, monsieur le ministre, que personne n’a songé à comparer cette hiérarchie professionnelle, qui restait absolument respectée, avec l’exercice libre d’un mandat politique.

J’ai vu aussi, dans la même ville, dans la municipalité de Toulouse, un maître répétiteur du lycée, M. Laffitte, arriver au conseil municipal. Direz-vous qu’il devenait par là le supérieur de son proviseur et que ce dernier se trouvait humilié d’avoir à négocier des affaires de la ville, dans leurs rapports avec les affaires du lycée, avec un de ses maîtres répétiteurs ? Le proviseur était le premier, tout en exigeant une pleine obéissance, que ne lui marchandait pas