Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette doctrine, qui était alors répudiée par toute la majorité républicaine, ait pu être reproduite ici, à propos du personnel enseignant, par M. le ministre de l’Instruction publique, avec l’adhésion d’une partie au moins de cette majorité.

M. le ministre de l’Instruction publique a dit : « Oui, voilà un subordonné dans la hiérarchie universitaire, et, par le suffrage universel, il peut devenir, à certains égards, dans l’exercice de son mandat, le supérieur de ceux dont, dans la pratique de sa profession, il est et doit rester l’inférieur. » Voilà la théorie qui a été indiquée ici. Eh bien, je prétends qu’elle est la négation du suffrage universel lui-même. Je prétends que ce qui caractérise le suffrage universel, que ce qui fait sa grandeur, sa vertu, c’est précisément qu’en dehors de toutes les hiérarchies professionnelles, qu’en dehors de toutes les hiérarchies sociales, il va choisir l’homme en qui il a confiance pour le marquer de sa souveraineté. Je dis que la souveraineté de l’élu n’a rien à voir avec la situation qu’il occupe dans la hiérarchie économique et dans la hiérarchie sociale, et que le suffrage universel a le droit d’aller choisir ses représentants là où il lui plaît.

Est-ce que vous tous, qui êtes ici pour gouverner par la loi les intérêts du pays, est-ce qu’avant d’arriver ici vous apparteniez tous nécessairement au sommet des hiérarchies sur lesquelles à l’heure actuelle vont