Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/228

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de famille dont la droite cléricale a jadis tant abusé. Que disait-on alors ? On disait : Si vous introduisez la laïcité, l’affirmation de l’indépendance de la raison humaine dans tous vos programmes, dans ceux de l’enseignement secondaire et dans ceux de l’enseignement primaire, vous écarterez par là même de vos lycées, de vos écoles, tous ceux qui ont gardé la foi traditionnelle. — C’était là, nul ne le peut contester, l’argument favori de l’opposition cléricale. Je suis surpris de le voir reprendre à propos de l’idée socialiste.

Et permettez-moi de dire que si vous craignez pour vos lycées, pour vos collèges, pour vos écoles, parce que quelques instituteurs ou quelques professeurs auront pu choquer par leurs opinions socialistes les conceptions économiques d’une partie de la bourgeoisie qui envoie ses enfants dans vos lycées, vous pouvez aussi, à l’heure actuelle, craindre de choquer par le maintien des programmes et de l’idée laïque une partie au moins aussi importante de cette même bourgeoisie.

Et vous savez bien que, par suite de certaine mode intellectuelle qui se propage depuis quelques années, ce qu’on appelle le vieux voltairianisme de la bourgeoisie est en discrédit, en décadence. Vous savez bien que pour défendre ses privilèges économiques, la bourgeoisie retourne au cléricalisme. Vous savez bien