Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/259

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la propriété semi-féodale, semi-capitaliste des derniers siècles de l’ancien régime, après la propriété capitaliste telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, une forme nouvelle de propriété va-t-elle surgir ? Pourra-t-on assurer le droit individuel de ceux qui travaillent par l’organisation collective de la production ? De simples palliatifs, le développement des sociétés de secours mutuels et des caisses de retraite, quelques réformes d’impôts, suffiront-ils à corriger les principaux abus du régime capitaliste ? Ou doit-il disparaître comme le régime féodal a disparu ? Marchons-nous à une révolution sociale, c’est-à-dire à une transformation essentielle de la propriété ? — Voilà le problème social.

Et dans ces deux problèmes tous les autres sont engagés, et, selon qu’on les résout dans un sens ou dans l’autre, la conception du droit, de l’histoire, de l’humanité, de l’art, de la vie, de la religion se modifie. Et il est impossible à tout homme qui pense et qui vit, quel que soit l’objet de sa pensée, quelle que soit la forme de sa vie, de ne point songer à ces problèmes où tous les autres sont engagés, et de ne point prendre parti.

Il est donc impossible à l’Université, au moins dans sa conscience, de ne pas prendre parti, et j’ai à peine besoin de rappeler aux philosophes qui dirigent à cette heure l’enseignement public que toute idée forte « passe nécessairement à l’acte » et que, lorsque des maîtres ont une conviction énergique en ces questions