Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/261

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Peut-être vous vouliez dire à ces jeunes gens qu’ils devaient être des prédicants, qu’ils devaient prêcher aux riches la largeur d’âme, aux pauvres et aux souffrants la résignation. Mais triste prédicant à l’heure où nous sommes que celui qui n’est pas aussi un militant ! Le prédicant d’Église a une doctrine sur laquelle il s’appuie ; et il a derrière lui une organisation de combat, je veux dire l’Église elle-même qui, tout en répandant ses sermons, essaie de mettre la main sur le pouvoir pour plier à son idéal les choses humaines. L’homélie cléricale n’est jamais ridicule parce qu’on y sent toujours la pointe du glaive. Passe pour l’homélie laïque si l’on doit sentir aussi en elle la résolution militante !

Tous les chemins aujourd’hui mènent donc les nouvelles générations universitaires au problème politique et social, à l’action politique et sociale.

Cela ne veut pas dire que tous les professeurs et instituteurs vont se jeter dans les agitations électorales et briguer des mandats : d’abord, quel que soit le dédain que l’on professe parfois pour les politiciens, il n’est pas donné à tout le monde de l’être ; il y faut des qualités et des défauts que tout le monde n’a pas. Puis le peuple est méfiant, et il n’acceptera pas à l’aveugle tous les concours et toutes les interventions. Enfin l’Université elle-même, quand elle se sentira libre,