Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/284

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Mais ces incidents sont peu de chose à côté des graves préoccupations qui pèsent en ce moment-ci sur tous nos instituteurs. Tous nos instituteurs, jusque dans l’enceinte de l’école, jusque dans leur enseignement, ont à cette heure les plus graves sujets d’inquiétude au sujet de la politique générale. Ils ont beau s’enfermer dans leur métier : ils ont été créés par une conception politique déterminée, ils sont nés avec elle, ils ont été créés par elle et ils peuvent être menacés de disparaître avec elle. Dans la mesure où notre législation scolaire de laïcité est menacée, soit dans ses dispositions, soit dans son esprit, tous nos instituteurs sont menacés en même temps. Tant que le régime républicain a oscillé de M. Jules Ferry à M. Clemenceau, ils ne pouvaient concevoir aucune inquiétude, car la laïcité de l’enseignement était une partie essentielle du programme radical, et quant à M. Ferry, non seulement il l’avait réalisée dans ses années d’action politique, mais il l’avait défendue jusqu’à la fin contre toutes les surprises, contre tous les découragements. Et, dans un de ses derniers discours, il faisait dire à la République, à propos de nos lois scolaires de laïcité, le vers de Hugo :

C’est ma force et ma règle et mon pilier d’airain !