Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

croissant des esprits aux forces morales de l’Église. Et l’illustre orateur[1] qui préside l’autre Assemblée, dans une de ces oraisons funèbres généralement bienveillantes qu’il accorde à ses collègues disparus, se demande si M. Jean Macé, avec sa Ligue de l’Enseignement, avec son œuvre laïque et républicaine, n’a pas poursuivi l’objet le plus décevant.

Et pendant que la papauté se prépare à investir ainsi nos institutions scolaires, pendant que des républicains fatigués se préparent à les lui livrer, voici que des hommes passionnés pour notre enseignement public et laïque, des hommes qui en désirent passionnément le maintien et le progrès, comme votre honorable inspecteur général M. Félix Pécaut dans un très beau rapport récent, constatent que l’école républicaine n’a pas encore donné tout ce que l’on attendait d’elle, que l’enseignement civique n’y est guère qu’une sèche nomenclature des articles de la Constitution, l’enseignement moral qu’une collection de préceptes ou enfantins ou platement utilitaires ou incohérents, qu’il manque, selon le mot même de M. Félix Pécaut, de « chaleur rayonnante », qu’il ne crée pas dans l’âme de l’enfant un foyer durable et ne lui donne pas une impulsion vigoureuse et une haute direction pour l’ensemble de la vie.

  1. M. Challemel-Lacour.