Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/295

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous le voile hypocrite d’une religion contrefaite, elle ne retarderait pas d’une minute sa disparition : elle aurait seulement déshonoré son agonie.

Seulement, nous pouvons juger d’avance, nous pouvons pressentir assurément ce que serait demain notre enseignement public sous la discipline cléricale restaurée et sous cette douce médication papale dont M. d’Hulst nous donnait tout à l’heure une application particulièrement atténuée. Oui, on n’essaierait pas d’obtenir du peuple, ni de ses maîtres, ni de ses enfants, une foi intime, profonde, mais on surveillerait toutes les libertés et tous les mouvements de l’esprit ; on exigerait des maîtres des apparences trompeuses, on fausserait toutes les paroles, toutes les attitudes, et on essaierait ce crime : inoculer au peuple naissant l’hypocrisie religieuse de la bourgeoisie finissante.

Quel est le remède ? Comment échapperons-nous à ce péril ? Il n’y a qu’un moyen pour vous, messieurs : c’est d’appliquer, non pas peut-être, si vous le voulez bien, avec toutes nos formules finales, mais du moins avec l’esprit qui est en nous, ce que vous me permettrez d’appeler la politique socialiste. Car vous seriez bien étonnés si cette doctrine à laquelle nous avons donné toutes nos forces n’était pas liée pour nous d’une manière intime à cette question décisive de l’enseignement public.