moi-même vérifié plus d’une fois dans nos écoles toulousaines — qu’il y a d’innombrables familles dans les faubourgs des grandes cités qui ont besoin de leurs enfants avant treize, douze et même onze ans, et qu’on est obligé de fermer les yeux. Vous savez bien qu’il en est beaucoup qui ne peuvent même plus procurer aux enfants les fournitures scolaires. Il y a de ce côté un nouvel effort budgétaire à tenter. Il faut que vous organisiez tout un système d’assistance scolaire pour les familles les plus nécessiteuses, afin que la misère du père ne se prolonge pas en ignorance pour les enfants. Il faut que vous organisiez des institutions mettant facilement les moyens de travail et d’éducation au service des enfants pauvres. Il faut que vous fassiez comprendre aux instituteurs qu’ils n’ont plus rien à craindre du passé, qu’ils sont à l’abri de toute inquisition, de toute terreur capitaliste, et de toute réaction religieuse : et alors ils oseront formuler devant les enfants du peuple la grande synthèse philosophique et scientifique qui résume le travail de notre temps. Il faut que vous priiez vos professeurs de philosophie dans vos lycées d’aller dans vos écoles normales d’instituteurs et dans vos écoles primaires elles-mêmes poser, sous une forme familière et simple, les grands problèmes de la science et de la vie. J’en ai fait moi-même l’épreuve. Il est facile de dire : c’est une chimère, c’est une utopie : eh bien ! je vous affirme que jamais je n’ai
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