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EN REVENANT DU RÉGIMENT

« La Dépêche » du samedi 22 octobre 1887

De nombreux congés ramènent en ce moment chez eux soldats, caporaux et sous-officiers. Ces derniers, en raison même de leur grade, ont le congé plus court : ils n’en sont pas moins joyeux et fiers de l’avoir conquis. Rentrant chez eux à la nuit, ils se hâtaient dans les chemins sombres, impatients de faire reluire leurs galons neufs à la lumière amie qui les attendait là-bas. Tous ces hommes ou presque tous paraissent vraiment animés d’un très bon esprit ; les plus intelligents d’entre eux remarquent avec joie comment, peu à peu, dans la discipline militaire, mêlée autrefois de punitions et d’insultes, pénètre le respect de l’homme pour l’homme. La règle ne fléchit point et les chefs sont écoutés ; mais ils font appel de plus en plus, sans grossièreté et sans violence, au sentiment du devoir, à l’amour-propre et à la raison de leurs subordonnés.

Il y a là un grand exemple à recueillir. Ne dit-on pas souvent que, dans le monde du travail, il n’y aurait que désorganisation, anarchie et impuissance, si, au salariat pur et simple, aveugle et passif, on substituait