Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/364

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sont les socialistes. Leurs chefs ont subi la prison pour avoir flétri le spoliateur ; ils ont eu les mêmes geôlier que nos soldats captifs ; ils continuent, à travers toutes les lois d’exception, leur propagande : un million de travailleurs allemands sont avec eux. Si, en déclarant la guerre, nous obligions ces hommes ou à trahir leur patrie ou à tirer sur nos soldats, nous commettrions une grande faute et peut-être plus qu’une faute.

Sommes-nous donc condamnés à une attente armée éternelle et sans issue ? Non : car nous pouvons, par la plénitude de la justice sociale, faire la France si grande, et réellement et aux yeux des peuples, que, dans la pensée et la volonté des peuples, ses revendications légitimes pèsent plus que la force décroissante des autocrates et des conquérants. La vraie politique étrangère de la France, c’est une politique de démocratie hardie, fraternelle : pas d’autre intervention que l’exemple, mais celui-ci haut et lumineux comme un signal en mer.

Notre politique nous est commandée par celle de la triple alliance. Est-ce que celle-ci est simplement une association de défense nationale ? C’est aussi, et au moins autant, une association de défense dynastique. La maison de Savoie y cherche un appui contre l’esprit républicain ; les Habsbourg ont peur, s’ils ne sont adossés à l’Allemagne, d’être emportés dans le réveil des nationalités ; et la dynastie allemande elle-même