Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/41

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l’égalité ; elle n’a pas, au même degré, la notion de la liberté, qui est beaucoup plus difficile et beaucoup plus longue à acquérir. Et voilà pourquoi il faut donner aux enfants du peuple, par un exercice suffisamment élevé de la faculté de penser, le sentiment de la valeur de l’homme et, par conséquent, du prix de la liberté, sans laquelle l’homme n’est pas. (Très bien ! très bien ! à gauche.)

De plus, il se prépare dans le monde du travail un mouvement qui ne peut pas échapper aux esprits les plus inattentifs : des ambitions, des espérances, des rêves, si vous le voulez, se sont éveillés.

Eh bien ! puisque l’heure paraît approcher où les travailleurs de ce pays essaieront de dépasser la condition actuelle des salariés ; puisqu’ils voudraient conquérir dans l’ordre économique, comme ils l’ont fait dans l’ordre politique, leur part de souveraineté et participer plus largement aux fruits et à la direction du travail, il est nécessaire que les enfants du peuple, en même temps qu’ils respireront au dehors ces hautes et légitimes ambitions, acquièrent à l’école, par un exercice suffisant de l’esprit, la réflexion, la discipline volontaire, le discernement dans l’appréciation des supériorités vraies et toutes les vertus nécessaires à la constitution d’un ordre nouveau. (Très bien ! très bien ! sur les mêmes bancs.)