Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/416

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des démocraties. (Applaudissements à l’extrême gauche. — Interruptions au centre.) On ne nous a pas caché depuis vingt ans que c’était là aujourd’hui, en Europe, la conception des armées de métier. L’Assemblée nationale acclamait l’illustre rapporteur de la loi militaire disant : « Quand on parle d’armée, il ne faut plus parler de démocratie » ; et elle couvrait de huées le défenseur de Belfort, Denfert-Rochereau, réclamant contre le dogme de l’obéissance passive. Et au moment même où, de l’autre côté de la frontière, un empereur d’armée disait récemment à ses soldats qu’il avait désormais besoin surtout de leur fidélité contre l’ennemi intérieur et qu’ils devaient être prêts à tirer, sans hésitation et sans faiblesse, sur leurs pères et sur leurs frères enrôlés par la démocratie sociale, à ce moment même, ou quelques jours après, dans cette discussion, on nous signifiait — et je remercie l’orateur du parti conservateur de sa sincérité et de sa franchise — on nous signifiait que l’armée était la grande sauvegarde au dehors et au dedans : nous avons compris ce que cela voulait dire.

Et voilà comment, messieurs, vous aboutissez à cette double contradiction : d’une part, tandis que tous les peuples et tous les gouvernements veulent la paix, et malgré tous les congrès de philanthropie internationale, la guerre peut naître d’un hasard toujours possible ; et d’autre part, alors que s’est développé par-