Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/422

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indépendance nationale les libertés politiques croissantes. (Applaudissements à l’extrême gauche.) Nous ne sommes plus au temps où l’Irlande écoutait tous les bruits de guerre de l’Europe et attendait le débarquement de l’étranger qui devait la libérer de l’occupant. Nous ne sommes plus au temps où Mickiewicz terminait son Livre des Pèlerins par cette formidable prière : « Et la guerre universelle pour notre libération, donnez-la-nous, Seigneur ! » Non ! Mais lorsque l’Irlande, au Parlement même de Londres, fait et défait les majorités, lorsqu’elle donne et retire le pouvoir, lorsque les trois maîtres de la Pologne, à la même heure, pour conserver leur pouvoir sur l’opinion ou pour leurs combinaisons parlementaires, sont obligés de caresser à la fois le sentiment national polonais, lorsqu’ils ressuscitent ainsi, par la simultanéité forcée et étrange de leur démarche, l’unité visible du peuple qu’ils s’étaient partagé, j’ai le droit de dire que la justice immanente a aujourd’hui en Europe d’autres moyens et d’autres voies que la guerre. La nation conquérante ne peut développer ses propres libertés qu’en les communiquant aux conquis, aux vaincus eux-mêmes ; et comme ceux-ci sont un peuple par les idées, par les sentiments, par les traditions et par les espérances, par les affinités qui les relient entre eux et qui les relient aux groupes historiques dont ils ont été séparés, toujours vous voyez sur le fond même