Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/477

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Russie a essayé d’exalter au delà de toutes ses frontières, pour son agrandissement et sa domination, tous les sentiments révolutionnaires slaves, tous les sentiments révolutionnaires et nationalistes des groupes opprimés par la Turquie. C’est ainsi que la Russie favorisait en Pologne le soulèvement des paysans opprimés contre les nobles. C’est ainsi qu’il y a vingt ans la Russie se faisait dans les Balkans, dans la Bulgarie, dans la Roumanie, la Serbie, la Bosnie et l’Herzégovine, la protectrice de l’idée slave, et qu’en 1876 Alexandre II prêchait à ses maréchaux de cour réunis à Moscou, et à sa fidèle noblesse, la sainte révolte pour la sainte cause des Slaves. Et en Arménie même, messieurs, M. le ministre des Affaires étrangères parlait tout à l’heure de meneurs, d’excitateurs ; mais, qu’il y prenne garde, il risquait de blesser par ses paroles des personnages singulièrement puissants et singulièrement augustes pour lesquels il professe beaucoup de respect : il est à la connaissance de tous — et M. le ministre ne le démentira pas — que depuis la guerre russo-turque les agents les plus actifs du mécontentement national ou du mécontentement chrétien en Arménie ont été précisément les amis de la Russie, ont été précisément les soldats arméniens engagés volontaires de l’armée russe au moment de sa lutte contre la Turquie. Mais la Russie s’est aperçue depuis quelques années qu’il devenait dangereux pour elle-même de jouer ainsi le