Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/479

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grands massacres de Constantinople et de l’Asie Mineure, de prendre des mesures efficaces pour les prévenir ; plus tard, lorsqu’il s’est agi d’envoyer un stationnaire de plus dont la présence aurait peut-être empêché le Sultan de verser de nouveau le sang, — le prince Lobanoff a toujours répondu deux choses ; il a répondu : « Je ne veux pas que l’Arménie puisse devenir une nouvelle Bulgarie, et que les Arméniens, sujets de la Russie, puissent se prévaloir contre nous des institutions qui auraient été accordées à l’Arménie sous la domination turque » (Mouvements divers) puis il a ajouté qu’il y avait dans le mouvement des révolutionnaires arméniens, dont, avant tout, il ne fallait pas faire le jeu. En sorte que la politique de la Russie dans la question arménienne a toujours été une politique d’attente, d’ajournement ; elle s’est réservé d’intervenir et d’agir le jour où, l’Arménie ayant été débarrassée par la violence turque de tous ses éléments virils nationalistes et révolutionnaires, elle pourrait, sans péril pour elle et sans inoculer à l’empire russe un virus d’indépendance ou de révolution, mettre la main sur l’Arménie. (Murmures au centre, à droite et sur plusieurs bancs à gauche. — Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.) Non ! il n’y a pas de murmures prétendus patriotiques qui puissent nous empêcher de dire ce qui est la vérité. (Nouvelles rumeurs sur les mêmes bancs.) Et c’est parce que