Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/48

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dation des dividendes. C’est ainsi que les tarifs des chemins de fer sont obligés de payer l’intérêt d’une majoration de plus d’un milliard sur la valeur première et vraie des actions. Or, ces tarifs, accroissant les frais généraux de la production, contribuent encore à écarter de la lutte les petits capitaux.

De plus, à mesure que les entreprises industrielles et commerciales, mises en actions, sont devenues des entreprises financières, le jeu de la spéculation s’est étendu non seulement à ces actions mêmes, mais aux produits, aux marchandises ; on joue aujourd’hui sur tout, sur les laines, la soie, le coton, le sucre, le café, les métaux. Le marché industriel et commercial est livré ainsi aux mêmes secousses, aux mêmes entreprises, aux mêmes paniques et aux mêmes combinaisons que le marché financier. Le petit industriel, le petit commerçant sont, malgré eux, sans s’en douter, traînés en Bourse. Or, pour résister à toutes les secousses de la spéculation, il faut avoir les reins solides, et, par là encore, les capitaux modestes sont écrasés.

Mais ce n’est pas tout. Les gros capitalistes se sont dit : « Puisque tout n’est plus qu’un jeu, il faut jouer à coup sûr ; pour cela il faut accaparer les produits par des syndicats puissants ; étant maîtres de toute la marchandise, nous serons maîtres des prix. » Le fameux syndicat des cuivres, qui va faire autant de mal par sa chute qu’il en a fait par sa formation, est l’exemple