Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/484

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de remplir la vieille et élémentaire fonction de la civilisation et du christianisme ! M. de Mun, tout à l’heure, parlait éloquemment des obligations qui engagent la France envers les vieilles communautés chrétiennes. Certes, ce n’est pas, il s’en faut de beaucoup, à nos yeux, l’obligation unique ; pas plus — je demande à M. Hubbard la permission de le lui dire — qu’il ne nous suffit que la plupart des Arméniens là-bas soient chrétiens pour que nous considérions qu’il y a des circonstances atténuantes à l’abstention de la France. (Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche. — Rumeurs au centre et à droite.) Mais il y a quelque chose de plus grave et de plus significatif, c’est que ce soit justement à propos de cet Orient où le christianisme il y a dix-huit siècles avait surgi en annonçant une sorte d’universelle douceur et d’universelle paix, que ce soit précisément à propos de cet Orient et des questions qui s’agitent là-bas, de Trébizonde à Jérusalem, qu’éclate la faillite morale de la vieille Europe chrétienne et capitaliste ! (Applaudissements à l’extrême gauche. — Nouvelles rumeurs au centre et à droite.) Et alors, puisque les gouvernements, puisque les nations égarées par eux sont devenus incapables d’établir un accord élémentaire pour empêcher des actes de barbarie de se commettre au nom et sous la responsabilité de l’Europe, il faut que partout le prolétariat européen prenne en mains cette cause même. (Ah ! ah ! au centre et à droite.)