Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/487

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presque entière de la politique qu’il a suivie et le péril d’une guerre, du recours à la force, qu’il a laissé entrevoir. Un péril de guerre ! Nous prétendons, nous, — et ce ne sont pas là des paroles vaincs, ce sont les événements mêmes qui le démontrent, — nous prétendons que c’est la politique du Gouvernement lui-même qui, dans le passé, a créé un péril de guerre, et qui peut le créer demain. (Rumeurs au centre et à droite. — Applaudissements à l’extrême gauche.) D’où peut-il venir, en effet : de ce démembrement, de cette dislocation de l’empire ottoman, que le premier devoir de la diplomatie, comme le disait M. le ministre des Affaires étrangères, est de retarder et de prévenir. Mais est-ce que cette dislocation se produit spontanément ? D’où vient que l’empire ottoman est menacé d’un démembrement ? Tout simplement de ce fait que les diverses populations groupées sous l’autorité du Sultan n’y ont pas trouvé les garanties nécessaires : c’est parce que les populations arméniennes ont été massacrées, que la question d’Orient s’est rouverte ; c’est parce que les populations crétoises n’ont pas reçu les garanties auxquelles elles avaient droit, que le péril actuel s’est déclaré. Et c’est vous, qui, pendant des années, avez assisté impassible, impuissant tout au moins, à toutes ces causes de trouble et de désordre, c’est vous, qui n’avez pas réclamé à temps avec énergie les réformes pour les Arméniens, c’est vous, qui avez