Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/498

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pas su réaliser le concert de l’Europe pour châtier le Sultan et lui imposer des réformes, vous êtes en train de le réaliser pour venger la Turquie et le Sultan de l’intervention de la Grèce en vue de libérer le peuple crétois. (Nouveaux applaudissements à l’extrême gauche.)

En sorte que le système que M. le ministre des Affaires étrangères vous demande de sanctionner, messieurs, c’est tout simplement la continuation de celui qu’il a suivi depuis trois ans, c’est-à-dire un décor de vaines manifestations, de vaines paroles, de vaines menaces, de vaines promesses, et derrière ce décor la réalité de l’oppression, la réalité du massacre. (Applaudissements à l’extrême gauche.) Je dis que c’est de votre attitude à vous, monsieur le ministre, de votre attitude imprudente, que sortira la guerre. C’est vous-même qui en avez donné la leçon à toutes les populations de l’empire ottoman. Ah ! si elles vous avaient vu intervenir à temps et sérieusement, avec conscience et efficacité, pour briser leurs chaînes ou pour panser leurs blessures, alors, oui ! elles attendraient peut-être patiemment du développement des réformes et de la paix un salut probable. Mais toute votre attitude, toute votre conduite, tous vos actes ont appris à ces populations que tant qu’il n’y avait pas un commencement de guerre, tant qu’il n’y avait pas soulèvement, aventure, il n’y avait rien à espérer