Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/527

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entre Saint-Pétersbourg et Berlin. Un seul journal de France, la Dépêche, de Toulouse, a envoyé son correspondant à Saint-Pétersbourg pour le séjour de Guillaume ; les autres envoyés des journaux ne partent qu’avec M. Félix Faure : ils verront le côté français des fêtes russes et de la politique russe ; ils n’en auront pas vu le côté allemand ; et, même sans parti pris, ils auront une notion fausse des choses et la communiqueront au pays.

Deux faits sont maintenant hors de doute. Le premier, c’est qu’il a été fait très grand accueil à Guillaume II. La foule n’a été ni enthousiaste ni peut-être même très sympathique ; mais les fêtes de la cour ont été splendides.

Le second fait certain, c’est qu’une entente entre la Russie et l’Allemagne contre l’Angleterre a été au moins ébauchée. Sans doute le toast de Nicolas II a été plus réservé que celui de Guillaume ; mais Guillaume ne se serait certainement pas permis les libres et ardentes paroles qu’il a prononcées s’il avait pensé qu’elles choqueraient son hôte : il est allé à Saint-Pétersbourg pour le gagner, non pour le blesser ; et c’est assurément avec l’assentiment du tsar qu’il a tourné la pointe de ses paroles, aiguës comme un glaive, contre l’adversaire commun, contre l’Anglais. Tous les témoignages de sympathie populaire et officielle qui seront sans doute prodigués à M. Félix