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LA GUERRE HISPANO-AMÉRICAINE

« La Lanterne » du dimanche 10 avril 1898

Au moment où j’écris, je ne puis savoir si les dernières dépêches de Washington et de Madrid apportent la paix ou la guerre. Il est infiniment désirable que la guerre soit évitée ; non seulement elle entraînerait bien des souffrances et des deuils, mais elle serait d’un funeste exemple pour le monde. Rien ne peut, mieux que ce perpétuel danger de luttes sanglantes, dénoncer le régime de barbarie qui, sous le nom de civilisation, désole l’humanité.

Il a été beaucoup question, ces jours derniers, de l’intervention conciliatrice de la papauté, et déjà les catholiques saluaient l’action bienfaisante de ce qu’ils appellent une grande puissance morale. En fait, la médiation annoncée se réduisait à une vague tentative sans objet précis et sans effet ; et il serait bien naïf de penser qu’une simple prédication morale peut, dans l’état présent du monde, apaiser les rivalités implacables des intérêts et des convoitises déchaînées ; en tout cas, le monde civilisé aurait le droit de dire à la papauté : « Pourquoi n’êtes-vous pas intervenue plus