Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à devenir ou des ouvriers ou des contremaîtres de la grande industrie, se préoccupent du sort qui est fait aux ouvriers par la grande industrie. Peut-être quelques-uns de ces petits patrons arriveront-ils à sauver leur indépendance, mais c’est à condition que certaines pratiques de solidarité et de mutualité s’introduisent dans la lutte industrielle ; et cela encore fait partie du problème social.

En second lieu, il y a tous les commerçants, petits ou moyens, qui sont ou dévorés ou menacés par les grands magasins ou leurs succursales ; ils sont destinés, un jour ou l’autre, au moins pour une grande part, à être de simples employés dans d’immenses organisations commerciales alimentées par d’énormes capitaux. Ils y seront ou caissiers, ou comptables, ou voyageurs, ou inspecteurs, ou chefs de rayon, ou commis. Dès lors, il est naturel que eux, qui seront peut-être les employés de demain, se préoccupent du sort qui est fait par le grand commerce aux employés d’aujourd’hui.

Je parlais l’autre jour du Bon Marché ; j’y puis trouver un exemple précis de ce que peuvent être les intérêts et les revendications des employés du grand commerce. Sur sa rapide et colossale fortune de 120 millions, madame Boucicaut a laissé 16 millions à répartir aux employés de tous grades, selon leur traitement et leurs années de service. Il en est beaucoup