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CHAPITRE VII

de l’infini


De même que nous n’avons pu parler des sensations et du mouvement sans toucher à l’idée d’espace, de même nous n’avons pu toucher à l’idée d’espace sans toucher à l’idée d’infini. C’est cette idée d’infini qu’il nous faut maintenant étudier en elle-même : la méthode que nous suivons n’est pas arbitraire ; elle nous est imposée par notre conception même des choses. Nous ne concevons pas qu’on puisse déduire une idée d’une autre idée, conçue d’abord à part. Nous croyons qu’il y a entre nos idées d’être, d’espace, de temps, de sensation, d’infini, des relations d’harmonie qui n’excluent point une certaine subordination, mais qui s’opposent à toute déduction proprement dite : c’est proprement cette relation qui constitue la réalité et la vérité de chaque idée ; il suit de là que nous ne pouvons toucher à aucune d’elles sans ébranler toutes les autres, et que nous ne pouvons en justifier aucune sans les supposer toutes. Mais, en même temps, chacune de ces idées a son caractère propre, son rôle distinct qu’il faut définir à part ; de là, cette double méthode d’enveloppement et de développement, d’anticipation et d’analyse que nous