Page:Jaurès - Histoire socialiste, I.djvu/516

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
506
HISTOIRE SOCIALISTE

6,100 livres. Belle Carton, imprimeur à Nîmes, acquiert une maison pour 29,500 livres.

Si je passe à la page 245, je relève ceci : Joyeux Louis, négociant à Nîmes, achète le domaine du Lue pour 90,600 livres. Julian Pierre, directeur des droits d’enregistrement du département, du Gard, acquiert pour 70,000 livres le domaine de la Mourade verte. Labaume, riche bourgeois, acquiert pour 123,000 livres un domaine sur l’une et l’autre rive du Rhône. Lablache, Louis-Joseph Cadet à Sommières, accumule les achats, soit pour son compte, soit au compte de quelques riches commerçants. Il acquiert en janvier 91, une terre de 2,400 livres, en janvier 91 une vigne et un pré de 15,000 livres, en juillet 93 une écurie et un grenier à foin de 62,000 livres ; en juillet 93 un bois taillis de 12,110 livres ; le 8 thermidor an III une terre appelée Cargnemion pour 225,000 livres ; le même achète un domaine consistant en maison, écurie, moulin, terres labourables, vignes cléselles, garrigues, le tout pour 2,000,000 de livres : le 11 thermidor an III des bâtiments appelés écorcheries pour 80,000 livres.

Ce Lablache est évidemment un de ces hommes d’affaires hardis qui achetaient, revendaient, prenaient des commissions. Il déclare agir savoir : pour Quinard, Berlou, Palias, négociants à Montpellier, notamment à l’occasion du domaine de 225,000 livres et de celui de 2,000,000 de livres.

Voici Lafont, bourgeois à Beaucaire, qui achète des lots de 675 livres, de 15,800 livres, de 2,338 livres, de 104 livres, de 2,209 livres.

Pour n’être point accusé de dissimuler les achats faits par les Juifs, il faut que je mentionne, à la page 163, Crémieux Said, marchand à Nîmes qui en prairial an II acquiert pour 100,000 livres, le domaine de la Mourade, plus des lots de 26,000 livres, 8,200 livres, 10,500 livres, 10,500 livres, 8,000 livres, 11,000 livres, 12,000 livres : peut-être Meyer Jean, négociant à Nîmes est-il aussi un Juif : il acquiert en l’an V un domaine pour 113,036 livres et une maison pour 46,500 livres ; je ne relève pas (sauf erreur), d’autres participations de Juifs aux achats dans le Gard, et il est même curieux de noter que Crémieux Said n’achète qu’en l’an II. Au début et avant que leur état civil fut définitivement constitué, les Juifs hésitaient sans doute à acheter. En tout cas leur opération est presque négligeable dans cet énorme mouvement de la propriété.

Il me paraît inutile de démontrer par d’autres exemples que la grande bourgeoisie de Nîmes, d’Alais, d’Uzès, a acheté une très grande partie du domaine ecclésiastique : les noms et les faits abondent à chaque page du recueil de M. François Rouvière. Et les gros bourgeois n’étaient point seuls à acheter ; les petits bourgeois, petits marchands, petits fabricants, artisans aisés, fabricants de bas, fabricants de molleton, postillons, menuisiers, cordonniers, maréchaux-ferrant, fabricants d’eau-de-vie, mégissiers, aubergistes, jardiniers, officiers en retraite, maçons, meuniers, vi-