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Page:Jaurès - Histoire socialiste, I.djvu/518

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HISTOIRE SOCIALISTE

cultivateurs, des marchands et des artisans mêlés, s’associent pour acheter, le 30 mars 1891, le domaine de Saint-Altelme payé 130,000 livres. C’est, semble-t-il toute une paroisse, qui se coalise pour ne pas laisser un « étranger » acheter le beau domaine.

Quarante acheteurs, tous d’Aramon et parmi lesquels figurent plusieurs ménagers (propriétaires cultivant eux-mêmes) un jardinier, un traiteur, un fournier, s’associent pour acheter le 21 janvier 1793 le couvent et le jardin des Ursulines d’Aramon payé 20,100 livres. Encore un nouvel effort de la commune du Pujaut et de celle de Villeneuve. Cent-six acheteurs, dont 67 de Villeneuve et 39 de Pujaut s’associent pour acheter le 12 mars 1791, la métairie de Saint-Bruno, au prix de 153,688 livres. Parmi ces acheteurs sont mentionnés expressément des ménagers et des bourgeois.

Vingt-quatre acheteurs, dont vingt-deux de Montfaucon, négociants et cultivateurs mêlés, s’associent pour acheter le 21 juillet 1789 une terre de 6.300 livres. Onze acheteurs au Cailar, parmi lesquels plusieurs cultivateurs, un serrurier et un maréchal s’associent pour acheter le 17 janvier 1791 divers fonds payés 8.200 livres. Sept acheteurs, à Pujaut, s’associent pour acheter le 2 mai 1791 sept pièces de terre valant ensemble 6.875 livres.

Encore quinze acheteurs de Villeneuve s’associent, pour acheter le 18 mars 1794, une terre de 3.350 livres. Encore dix-neuf acheteurs de Pujaut s’associent pour acheter une terre de 6.525 livres. Encore onze acheteurs de Pujaut s’associent pour acheter le domaine de Saint-Vérédime au prix de 45.000 livres. Encore vingt-un acheteurs de Pujaut s’associent pour acheter une terre de 1791 livres, le 3 juillet 1791. Treize acheteurs de Tavel, s’associent pour acheter le 14 mai 1791 une terre des Chartreux de Villeneuve au prix de 6.625 livres. Seize acheteurs de Tavel (les mêmes que plus haut) s’associent pour acheter le 15 mai 1791 le domaine de l’abbaye de Villeneuve au prix de 169.001 livres.

Et c’est tout ; j’ai cité tous les achats faits en commun dans le Gard par les paysans ; je n’ai laissé de côté que deux ou trois achats où les associés sont visiblement de riches bourgeois de campagne ou des bourgeois de la ville, comme ces acheteurs de Beaucaire, qui s’associaient pour acheter une vaste caserne. J’ai tenu à donner la liste complète des associations d’achat de paysans pour qu’on en pût constater la proportion exacte ; elle se réduit à bien peu de chose.

Il est même à remarquer qu’il n’y a qu’un point dans le Gard (car Pujaut, Villeneuve et Tavel sont contigus) où ces associations d’achat se soient produites. À vrai dire, on se demande en quoi elles pouvaient bien être utiles. S’il s’agissait de petits lots, il était plus simple aux paysans d’acheter individuellement. S’il s’agissait d’un grand et coûteux domaine, ils avaient beau s’associer, les ressources leur manquaient ; et puis, comment subdiviser en-