d’irréparables paroles, était condamné à ce langage inerte et faible où ne vibraient certes pas la fierté de la Révolution et l’orgueil de la France. C’est la Gironde qui, par ce que j’appellerai son audace sournoise, acculait peu à peu la France et l’Europe à la guerre, qu’elle n’osait pourtant proclamer d’emblée.
On comprend que la réponse de l’Empereur ait paru peu intelligible à Marie-Antoinette. Il est visible qu’il a cherché seulement, cette fois encore, à gagner du temps, sans rompre avec la France et sans s’humilier devant la Révolution. Mais le ministre Kaunitz exécuta cette opération avec une lourdeur, une ignorance des susceptibilités françaises et des passions révolutionnaires qui ne font pas grand honneur à la diplomatie autrichienne. Il s’abstint de formuler aucune des conditions, aucune des exigences : retour du comtat à la Papauté, rétablissement du pouvoir politique de la noblesse, qui servaient de base, à ce moment même, aux négociations incertaines de l’Autriche et de la Prusse.
Mais il parla des agitations de la France grossièrement et pesamment. Il avoua qu’à Pilnitz une convention avait été signée pour protéger le roi de France contre les progrès « de l’anarchie ». Il ajouta qu’après l’acceptation de la Constitution par le roi cette convention n’avait plus qu’une valeur toute « éventuelle ».
Et il accusa violemment les partis de gauche. « Tant que l’état intérieur de la France, au lieu d’inviter à partager l’augure favorable de M. Delessart sur la renaissance de l’ordre, l’autorité du gouvernement et l’exercice des lois, manifestera au contraire des symptômes journellement croissants d’inconsistance et de fermentation, les puissances amies de la France auront les plus justes sujets de craindre, pour le roi et la famille royale, le retour des mêmes extrémités qu’ils ont éprouvées plus d’une fois, et pour la France de la voir replongée dans le plus grand des maux dont un grand État puisse être attaqué, l’anarchie populaire. »
« Mais c’est aussi des maux le plus contagieux pour les autres peuples ; et tandis que plus d’un État étranger a déjà fourni les plus funestes exemples de ses progrès, il faudrait pouvoir contester aux autres puissances le même droit de maintenir leurs constitutions que la France réclame pour la sienne, pour ne pas convenir que jamais il n’a existé de motif d’alarme et de concert général plus légitime, plus, urgent et plus essentiel à la tranquillité de l’Europe. »
« Il faudrait pareillement pouvoir récuser le témoignage des événements journaliers les plus authentiques, pour attribuer la principale cause de cette fermentation intérieure de la France à la consistance qu’ont prise les émigrés à ou leurs projets… Les armements des émigrés sont dissous, ceux de la France continuent. L’empereur, bien loin d’appuyer leurs projets ou leurs prétentions, insiste sur leur tranquillité ; les princes de l’Empire suivent son exemple…