Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/535

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« Dès le mois de juillet, affirme Choudieu, beaucoup de membres de l’Assemblée nationale étaient persuadés, et les membres de la Gironde eux-mêmes, que nous ne pouvions sortir de l’état de marasme où nous languissions que par une grande crise, et chacun la sentait imminente ; les membres de la Gironde, qui la craignaient, cherchaient à la retarder pour mieux la diriger ; les membres de la Montagne, qui la croyaient nécessaire, la provoquaient sans toutefois se compromettre ; trois d’entre eux, Merlin de Thionville. Chabot et Bazire, qui étaient à peu près considérés parmi nous comme des enfants perdus, se rendaient tous les soirs dans les sections des faubourgs où ils avaient une grande influence ; de leur côté, les autres membres de la Montagne se rassemblaient dans une maison particulière de la rue Saint-Honoré.

Manuscrit de Marat, précédé d’une note explicative
(D’après un manuscrit communiqué par M. Georges Cain).


« Le 8 août au soir, les membres les plus marquants de la Gironde vinrent se réunir à nous, les uns pour connaître nos projets, les autres parce qu’ils croyaient ne pouvoir se sauver qu’avec nous. Prévenu qu’ils devaient faire cette démarche, je me concertai avec le vieux général Calon, notre président, et je profitai de l’occasion pour placer les Girondins dans une fausse position, et les contraindre, eux et leurs partisans, à s’expliquer sur le parti qu’ils prendraient si la lutte s’engageait sérieusement, comme tout l’annonçait. Je n’ignorais pas que le tocsin devait sonner dans la nuit du lendemain, mais je