Page:Jaurès - Histoire socialiste, III.djvu/63

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Supposez un instant qu’au lieu d’envoyer de loin en loin quelques émissaires hésitants et débiles qui, ne pouvant empêcher le meurtre en devenaient les témoins officiels, tous les pouvoirs constitués se fussent portés devant les prisons. Supposez que toute la Législative et toute la Commune, et aussi tout le Conseil exécutif eussent opposé une résistance d’ensemble à cette fureur sauvage d’une infime portion du peuple. Supposez que Danton, Robespierre, Vergniaud, eussent tour à tour rappelé la Révolution à sa grandeur, à l’humanité ; les meurtriers auraient laissé tomber les armes de leurs mains. Mais il n’y eut aucune action commune et forte des pouvoirs constitués.

Massacres des 2, 3, 4, 5 et 6 septembre 1792.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)


C’est la Commune qui fut avertie la première. Elle avait repris séance le 2 septembre à quatre heures du soir, et voici ce que dit le procès-verbal : « Un officier de la garde nationale annonce (dès le début) que plusieurs personnes ont été tuées en chemin, et que le peuple commence à pénétrer dans les prisons. »

« Le Conseil nomme MM. Dangé, Marino, James, Michonis, Lesguillon, Moneux, commissaires, pour aller aux prisons pour y protéger les prisonniers pour mois de nourrice, pour dettes, ainsi que pour des causes civiles.