Page:Jaurès - Histoire socialiste, III.djvu/643

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« Mon père a légué tous ses biens à l’Église pour le salut de son âme. Il meurt, et j’entre, conformément au droit civil, en possession de ses biens, à condition il est vrai de remplir toutes les obligations dont il les a grevés par contrat. Il a conclu sur ces biens un contrat avec l’Église, mais qui n’a jamais été réalisé dans le monde du phénomène, et qui ne repose que sur la foi.

Image contre-révolutionaire italienne.
(D’après un document du Musée Carnavalet.)


Si je ne crois pas à l’Église, un pareil contrat est nul pour moi ; pour moi l’Église n’est rien, et si je revendique les biens de mon père, je n’attente du moins au droit de personne. L’État ne peut pas m’en empêcher. L’État, comme État, est aussi incroyant que moi ; comme État il sait aussi peu de l’Église que moi-même ; l’Église est aussi loin d’être quelque chose pour lui que pour moi. L’État ne peut pas protéger la possession d’une chose qui pour lui n’est pas. Il m’a assuré la possession de mes biens paternels à la condition que je ne m’approprie la propriété d’autre citoyen décédé. Je n’ai point fait cela ; il est donc tenu d’après le contrat de me protéger dans la possession de