Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/418

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à 6 heures précises du soir, au Comité central révolutionnaire établi dans une de nos salles, afin de prendre communication de toutes les mesures de surveillance et de salut public et agir d’une manière uniforme. Les circonstances urgentes exigent que vous n’y manquiez point. »

Mais, ici encore, ce n’est pas une organisation permanente et fixe qui s’installe, ce n’est pas une sorte de bureaucratie révolutionnaire, avec des cadres fixes. C’est l’idée vivante d’une action centrale et unique, qui se manifeste tantôt sous une forme, tantôt sous une autre. Et par la diversité même de ces tentatives, le peuple révolutionnaire de Paris s’essaie et s’entraîne à un mouvement total.

Jusqu’ici, ceux qui préparent l’action générale de Paris invoquent, pour se grouper, des prétextes variés et vagues. On y sent bien la menace ; mais aucun but précis n’est encore assigné aux organisations révolutionnaires en formation. Mais depuis que les sections parisiennes avaient demandé à la Convention l’arrestation ou l’élimination de vingt-deux Girondins, c’était là le dessein profond de tous ceux qui voulaient grouper les forces du peuple. Et bientôt, ce qu’ils demandent à l’organisation révolutionnaire, c’est le moyen de peser sur la Convention, de lui arracher un vote d’exclusion contre la Gironde.

Vers la fin de la première quinzaine de mai, le mouvement se précise et se précipite : et deux grands jets de flamme annoncent l’embrasement prochain. À la Commune, la séance du 15 mai, dont le compte rendu de la Chronique de Paris nous a transmis un reflet ardent, est comme enflammée de passion patriotique et de révolution. Les volontaires des sections défilent : ils vont en Vendée combattre les émigrés, les fanatiques et les prêtres ; mais laisseront-ils derrière eux Paris incertain, toujours menacé de la contre-révolution girondine ?

« Les volontaires des sections de la République et des Tuileries se présentent au Conseil, et demandent des armes et divers objets d’équipement, afin de pouvoir marcher promptement contre les rebelles de la Vendée ; ces réclamations sont renvoyées aux différentes commissions pour leur faire obtenir ce dont ils peuvent avoir besoin.

« La section du Temple demande que le Conseil prenne des mesures vigoureuses contre les sections qui n’ont pas encore fourni leur contingent. Elle a 40 hommes d’excédent qu’elle destine à la formation de l’armée révolutionnaire soldée.

« Cinq compagnies de la section de l’Évêché formant le contingent de cette section, traversent la salle en criant : Vive la nation ! Vive la République ! Elles demandent des armes pour terrasser les tyrans et les fanatiques de la Vendée. Le Conseil prendra des mesures pour leur en procurer ; elles sortent en chantant l’hymne des Marseillais, et sur le réquisitoire de Chaumette, le lilas qu’elles portaient restera déposé à la maison commune et servira à