Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/429

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nous nous sommes réunis en famille, en y adjoignant les autres autorités constituées. Cela nous devenait d’autant plus intéressant que nous pouvions compter sur la pureté du patriotisme et des intentions du district, de la majeure partie de la municipalité et du maire, qui réunit les suffrages de tous les bons patriotes. Après avoir fait lecture de nos pouvoirs, nous nous sommes fait rendre compte du recrutement et de tout ce qui en dépend. Tout était à cet égard consommé. Il y avait même un excédent et quelques volontaires étaient partis pour se rendre à leur destination. Nous n’avons point oublié les chevaux de luxe, de la quantité desquels nous attendons un état du directoire.

« Venant ensuite aux mesures de sûreté générale, nous avons interpellé les autorités constituées, formées en comité, de nous déclarer et faire connaître toutes les personnes connues pour exciter, fomenter ou être le sujet de troubles ou de divisions dans le département. Comme nous l’avons déjà dit, il n’y a rien de si tranquille que le département de l’Isère. Tous les aristocrates, tous les dévots modernes, tous les saints de la Vendée et des Deux-Sèvres sont des gens résignés aux circonstances. Nous leur avons fait part d’une liste nombreuse de gens désignés par l’opinion publique comme étant les plus mortels ennemis de la Révolution et comme véhémentement soupçonnés d’avoir des intelligences secrètes avec les ennemis du dehors. La discussion a été ouverte sur cette liste, et continuée pendant deux jours et une partie des nuits. Elle a été définitivement arrêtée ainsi que nous vous l’envoyons.

« La destitution de plusieurs fonctionnaires, d’officiers et de colonels plus qu’aristocrates, la connaissance de nos mesures à peine parvenue dans le public, l’esprit des patriotes s’est ranimé. Quelques membres du directoire du département que leurs bons principes et leur modestie nous empêcheront de nommer, ont repris tout leur courage et se sont trouvés dédommagés du chagrin qu’avait pu leur causer une majorité plus que feuillantine.

« Mais c’est trop vous parler d’elle. Sortez avec nous du directoire du département. Venez dans les campagnes respirer l’air pur de la loyauté, de la franchise, de la fraternité et du républicanisme le plus décidé. Traversez Moirans, Tullins, Saint-Marcellin, la Sône, Vinay, etc. Arrêtez-vous un instant à Voiron, commune d’une population de 6000 âmes, et dans laquelle vous chercheriez inutilement un seul aristocrate… Embrassez, avec tout le peuple de ces contrées, l’arbre de la liberté. Écoutez les femmes, les vieillards chanter avec allégresse l’hymne des Marseillais, nous accompagner, aller au-devant de nous et finir leur journée aux clubs patriotiques, en écoutant avec le plus vif intérêt les principes conservateurs de la liberté civile et politique et de l’égalité des droits que nous n’avons cessé de leur prêcher. Recevez dans votre sein le serment qu’ils nous ont confié d’exterminer tous les tyrans