Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/231

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J.-B. Regnault, qui était alors le rival académique de David, peignait, en 1799, les Trois Grâces et, la même année, on voyait au Salon le Retour de Marcus Sextus de son élève Pierre Guérin. Le mulâtre Lethière exposa en 1795 son esquisse de la Mort de Virginie, en 1798 Philoctète ; Hubert Robert, des ruines ; François André Vincent, en 1798, sa Leçon de labourage, et sa femme, également connue sous le nom de Mme Guyard, des portraits ; Prud’hon, en 1796, le Portrait du citoyen Constantin, en 1798 sa gravure Phrosine et Mélidor, en 1799 un tableau disparu lors d’un incendie (1810) au palais de Saint-Cloud — disparition aussi allégorique alors que le sujet — La Sagesse et la Vérité descendant sur la terre, sans compter de nombreux dessins où se retrouve le charme qui caractérise toutes ses compositions. Deux artistes émigrés se signalèrent hors de France par des œuvres remarquables, Mme Vigée-Lebrun et le portraitiste Danloux. Parmi ceux qu’on est convenu d’appeler les petits maîtres, nous trouvons Drolling et ses intérieurs, Ducreux et ses portraits, le miniaturiste Jean Guérin, Boilly qui nous a laissé d’intéressants tableaux de la vie parisienne. Carle Vernet qui a le mieux rendu les Incroyables, les Merveilleuses (1797), leurs chevaux, leurs cabriolets — dont les piétons se plaignaient (Tableau général du goût… déjà cité, du 1er vendémiaire an VII-22 septembre 1798) comme aujourd’hui des automobiles — et leurs nombreux ridicules, Swebach, Taunay et leurs scènes de plein air. Les paysagistes Georges Michel, Bruandet, Moreau l’aîné et De Marne s’inspiraient de la nature tout en subissant parfois l’influence du milieu dans lequel ils vivaient ; débutèrent alors les futurs chefs de l’école du paysage de fantaisie, Bidault et Victor Bertin, élève de Valenciennes qui lui-même publia, en l’an VIII, des Éléments de perspective pratique et enseignait à comprendre le paysage de la manière la plus fausse ; des années allaient se passer avant qu’on en revint à la réalité.

Les graveurs étaient pour la taille-douce : Alexandre Tardieu dont la reproduction des Derniers moments de Lepeletier eut le sort du tableau de David perdu aujourd’hui, ou du moins tenu caché par les héritiers de Lepeletier vexés de descendre d’un régicide, on n’en connaît que l’exemplaire de la Bibliothèque nationale, il donna en 1799 un portrait de Barras ; Bervic qui acheva en 1798 l’Éducation d’Achille, d’après Regnault ; Moreau le jeune continuant ses belles illustrations ; Massard père et Massard fils. Pour l’eau-forte : Vivant Denon qui grava le Serment du Jeu de paume de David et Duplessis-Bertaux avec ses Tableaux historiques de la Révolution. Pour la gravure au pointillé : Copia qui travailla d’après Prud’hon et Boucher-Desnoyers encore tout jeune. Pour la gravure au lavis et en couleurs : Debucourt qui interpréta Carle Vernet, Sergent avec le portrait gravé en couleurs de son beau-frère le général Marceau (1798). Pour la gravure sur bois : Duplat et Dugourc qui a été un artiste industriel très varié ; ainsi, il s’occupa dans notre période des cartes à jouer, des cristaux et des porcelaines (Nouvelles archives de l’Art français, 1877, p. 371). Sans