Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/267

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tous les métiers « ont surpassé ce que l’on pouvait en attendre ; mais si l’on a prouvé ce que l’on pouvait faire, on ne s’est pas assez longtemps soutenu. Les travaux languissent, les besoins augmentent, la consommation est excessive », reproche que nous lui avons déjà vu formuler à propos du commerce.

Le 9 fructidor an VI (26 août 1798), François (de Neufchâteau), ministre de l’Intérieur, lançait une circulaire relative à une « exposition publique des produits de l’industrie française ». Ce fut l’origine de nos expositions nationales. Ouverte au Champ-de-Mars, du 1er jour complémentaire an VI au 10 vendémiaire an VII (17 septembre au 1er octobre 1798), elle réunit 110 exposants ; 12, dont la plupart ont été cités précédemment, furent médaillés et 19 obtinrent une mention. Parmi ces derniers, je signalerai Kutsch, de Paris, à propos de « machines d’une très grande précision pour diviser et vérifier très promptement les mesures de longueur », Patoulet, Audry et Lebeau, de Champlan, près de Longjumeau (Seine-et-Oise), pour leurs « couverts plaqués d’or et d’argent sur acier » ; Salneuve, de Paris, pour sa « forte vis de balancier, presse à timbre sec » ; Roth, pour ses machines à « fendre et diviser les cuirs ». Le rapport du jury de l’exposition, publié par le Moniteur du 2 brumaire an VII (23 octobre 1798), qui, ainsi que les rapports des deux expositions suivantes, m’a fourni un certain nombre des détails donnés plus haut, regrettait l’absence de certains chefs d’industrie, notamment de La Rochefoucauld-Liancourt, fondateur d’une importante fabrique de cotonnades. On s’était, en effet, un peu trop hâté, et cette exposition aurait été plus importante, si le délai entre son annonce et son ouverture avait été moins court.

J’aurais voulu terminer ce paragraphe par quelques détails précis sur les conditions du travail ; mais les renseignements à ce sujet sont ceux qui font le plus défaut. Ainsi, il est très difficile de savoir exactement quelle était la longueur de la journée de travail.

Peu avant ma période, il y eut le décret de la Convention du 6 ventôse an II (24 février 1794) : une « imprimerie des administrations nationales » ayant été instituée, le 27 frimaire précédent (17 décembre 1793), par la transformation d’un ancien établissement, l’imprimerie de la loterie, — cette imprimerie devait recevoir, le 8 pluviôse an III (27 janvier 1795), son nom actuel d'Imprimerie nationale qui dura peu au début, le décret du 18 germinal suivant (7 avril 1795) lui ayant substitué celui de « Imprimerie de la République » — la Convention vota, le 6 ventôse, un règlement en vertu duquel (titre ii, art. 6 et 7) le travail quotidien de tous les ouvriers attachés à cet établissement devait durer de 8 heures du matin, pendant les six premiers mois de l’année (fin septembre à fin mars), de 7 heures, pendant les six derniers mois, à 1 heure de l’après-midi, et de 3 heures à 7 heures du soir, soit 9 et 10 heures de travail coupées par un repos de deux heures pour