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courrier de la malle de Lyon, agent pour le cinquième ; Bodson, agent pour le onzième ; Reys, chez qui a logé Babeuf et a délibéré le directoire secret ; total, 5. Parmi ces 15, les 5 complices indirects me semblent être Pillé, Duplay père, Duplay fils, Clercx, présents, et Reys, contumace.

Plusieurs de ces noms ne se trouvent pas, dans l’ouvrage de Buonarroti, sous leur forme réelle, mais sous celle d’anagrammes. Presque tous ceux-ci étaient connus depuis longtemps par tout le monde, sauf par M. Espinas. M. Gustave Isambert, lui, a voulu donner l’explication de tous dans le n° de la Révolution française du 14 novembre 1899 et il a commis une erreur qu’il lui eût été facile d’éviter. Il prétend gratuitement (p. 459) que l’anagramme « Rerpino » a été mis par faute d’impression pour « Rerpina » et qu’il cache l’adjudant général Parein, accusé contumace. S’il avait remarqué que « Rerpino » a été signalé par Buonarroti (t. Ier, p. 123) comme agent pour le dixième arrondissement et s’il avait comparé cette liste avec celle de la Copie des pièces saisies, il aurait constaté (t. Ier, p. 52) que cet agent se nommait Pierron, ce qui, transposé, donne « Rerpino » sans faute d’impression. J’ai, d’ailleurs, une seconde preuve qui a l’avantage de corriger en même temps une autre erreur de M. Isambert relativement à l’édition anglaise de l’ouvrage de Buonarroti.

Le n° du 18 février 1865 de la Petite Revue de l’éditeur René Pincebourde (p.5) mentionne l’existence d’« une traduction anglaise de la Conspiration pour l’égalité, par Bronterre, publiée à Londres en 1836 (in-12 de 482 p.) laquelle contient, à la suite des pièces justificatives, une lettre de Buonarroti au traducteur, suivie de la clef des noms de son livre envoyée par lui… Cette lettre datée de Paris, 3 mai 1836, est signée Philippe Buonarroti, âgé de soixante-quinze ans » ; si la Petite Revue a eu le tort de ne pas reproduire la lettre entière, elle a inséré (p. 6) la clef envoyée par Buonarroti traduisant tous les anagrammes, sauf cinq, et indiquant Pierron et non Parein. Or, le premier journal collectiviste français, que n’ont pas le droit d’ignorer ceux qui s’occupent, à n’importe quel point de vue, de l’histoire du socialisme, l’Égalité, dont le premier numéro commençait, en feuilleton, une étude sur « la Conjuration des Égaux », renvoyait, dans son n° 2, du 25 novembre 1877, au n° de la Petite Revue que je viens de citer.

Sauf les 29 accusés dont je me suis occupé — il est à noter que deux membres du directoire secret, Sylvain Maréchal et Debon, eurent la chance d’échapper au mandat d’arrêt lancé, le 24 floréal (13 mai), contre eux et une centaine d’autres dont les noms avaient été pris dans les papiers de Babeuf — tous les autres étaient personnellement étrangers à la conspiration ; leur crime consistait à être des républicains avancés ; il y avait là des citoyens de Cherbourg, d’Arras, de Rochefort, de Bourg et de Saintes. Pour la première fois, les débats furent recueillis par deux sténographes.

Ne voulant pas contribuer à accabler les moins compromis, les accusés à