Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/358

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tenancé » ; sans Augereau, il aurait battu en retraite. Le 13 (31 juillet), il levait le siège de Mantoue, abandonnant tout son matériel, et, avec toutes ses forces, marchait à l’ennemi. Quosdanovich et Wurmser défaits à Lonalo et à Castiglione (16 et 18 thermidor-3 et 5 août) regagnaient le Tirol, et le blocus de Mantoue recommençait le 20 (7 août). Après quelques jours de repos, Bonaparte s’apprêtait à pénétrer dans le Tirol au moment où Wurmser, reprenant l’offensive, allait de nouveau en descendre le long de la Brenta, et qu’à droite son lieutenant Davidovich devait manœuvrer pour couper la retraite à nos troupes. Mais, le 18 fructidor (4 septembre). Davidovich était vaincu à Roveredo et à Calliano, localité située entre la précédente et Trente où Bonaparte arrivait le lendemain. Apprenant le départ de Wurmser et comprenant que celui-ci voulait profiter de cette pointe dans le Nord pour redescendre dans la Lombardie et y opérer librement, il se mettait sans tarder à sa poursuite, le rejoignait à Bassano où, le 22 fructidor 8 septembre), il l’écrasait. Le 27 (13 septembre), Wurmser se réfugiait dans Mantoue et, le 29 (15 septembre), ayant voulu tenter une sortie, il perdait la bataille de Saint-Georges sous les murs de la ville.

Bonaparte dont nous avons commencé à voir la manière plus ou moins dissimulée d’agir à l’égard de divers États de la péninsule, continua ses manœuvres.

Au Sénat de Gènes qui était, il est vrai, mal disposé en notre faveur, il avait déjà, à la fin de prairial an IV (juin 1796), expédié Murât pour formuler des réclamations comminatoires relatives au massacre, le 15 prairial (3 juin) de quelques-uns de nos soldats, aux environs de Novi, sur le territoire de petits fiefs relevant de l’Empire, occupés à ce titre par des détachements français et dont plusieurs appartenaient à des nobles génois ; il n’obtint que partiellement satisfaction. De nouveaux incidents se produisirent et, tandis qu’il projetait d’employer la force (M. R. Guyot, Révolution, française, revue, mai 1903, p. 429) contre Gênes, des négociations aboutissaient à la signature à Paris, le 18 vendémiaire an V (9 octobre 1796), d’une convention en vertu de laquelle, si son territoire était garanti à la République de Gênes, celle-ci devait interdire l’entrée de ses ports aux vaisseaux anglais, rappeler les Génois, partisans de la France, bannis ; elle reconnaissait à la France le droit d’occuper militairement sur la côte les postes où elle-même n’entretiendrait pas de troupes, elle lui payait deux millions et lui en prêtait deux autres. Mais la fraction, hostile à la France, restée au pouvoir allait faire preuve d’une extrême mauvaise volonté dans l’exécution des clauses de cette convention.

Sous prétexte que le duc de Modène était en retard de quelques centaines de mille francs sur les versements qu’il s’était engagé à effectuer, Bonaparte, sans attendre le consentement du Directoire, lançait, le 13 vendémiaire (4 octobre), un manifeste déclarant l’armistice rompu et mettant les populations de Modène et de Reggio sous la protection de l’armée française. Le 25 (16 octobre).