Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/478

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plus tard réussir, grâce à cette circonstance, à opérer le déchiffrement. On étudia le tracé de l’ancien canal qui avait indirectement uni la mer Rouge à la Méditerranée ; mais, par suite d’erreur dans les calculs, ce ne fut pas un canal direct entre les deux mers qu’on projeta, ce fut un canal allant de Suez au Caire, qui n’aurait pu servir de mer à mer que pendant les hautes eaux du Nil. Sur l’initiative de Larrey, chirurgien en chef, et de Desgenettes, médecin en chef, des mesures d’hygiène étaient prises ; un « bureau de santé et de salubrité », pour essayer d’arrêter la propagation des maladies contagieuses rapportées tous les ans de la Mecque, fut institué au Caire le 9 vendémiaire an VII (30 septembre 1798). Quelques jours avant, avait été fêté solennellement le premier jour de l’an républicain (1er vendémiaire an VII-22 septembre 1798), et, dans son n° 8, le Courrier de l’Égypte, journal créé par Bonaparte, nous apprend qu’à cette occasion, celui-ci porta un toast « à l’an 300 de la République française » !

Une escadre portugaise composée de six navires rejoignit devant Alexandrie, le 12 fructidor an VI (29 août 1798), l’escadre laissée par les Anglais pour bloquer cette ville ; mais elle reprit bientôt le large ; une tentative pour approcher d’Aboukir échoua le 14 (31 août). Certaines mesures administratives et financières de Bonaparte, les exactions des militaires (de La Jonquière, t. II, p. 559 et suiv.), les manœuvres des agents des Mameluks, et les nouvelles de Constantinople soulevèrent en différents endroits la population musulmane. La Turquie, nous le verrons tout à l’heure, avait officiellement déclaré la guerre à la France, le 9 septembre 1798 et, le 28 vendémiaire (19 octobre), deux frégates turques, renforcées le surlendemain par une quinzaine de navires, dont deux russes, apparurent devant Alexandrie ; mais les attaques tentées, le 3 brumaire (24 octobre) et les jours suivants, du côté d’Aboukir n’eurent pas de succès. La plus grave de ces insurrections éclata, le 30 vendémiaire an VII (21 octobre 1798), au Caire, dont le commandant militaire, le général Dupuy — l’ancien chef de la célèbre 32e demi-brigade — fut tué. Bonaparte eut vite raison de la révolte qu’il réprima rigoureusement ; 4 000 insurgés environ périrent.

Dans la partie orientale de la Basse Égypte, après la défaite d’Ibrahim à Salihieh, le général Dugua, qui commandait à Mansourah, avait mission d’établir une possibilité de communication entre Mansourah et Belbeis, Mansourah et Salihieh, de réprimer les tentatives de rébellion et de détruire les bandes arabes qui circulaient entre le Caire et Damiette, ce qui occasionna quelques petits combats en fructidor an VI et vendémiaire an VII (août, septembre et octobre 1798). Le 17 frimaire (7 décembre), Suez était occupé. Bonaparte partit du Caire le 4 nivôse (24 décembre), séjourna à Suez ou aux environs, du 6 au 10 (26 au 30 décembre), et c’est à ce moment que furent reconnues les traces de l’ancien canal ; le 17 nivôse an VII (6 janvier 1799), il rentrait au Caire. En somme, sauf quelques émeutes de villages et des opérations peu im-