Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/484

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et surpris Damanhour le 6 floréal (25 avril) ; mais cette ville avait été reprise le 21 (10 mai), et le madhi vaincu et mortellement blessé le 1er prairial (20 mai).

La flotte anglo-turque, portant l’armée organisée à Rhodes, fut aperçue dès le 23 messidor (11 juillet), et Marmont ne put empêcher le débarquement d’avoir lieu, le 26 (14 juillet), dans la presqu’île d’Aboukir ; le village, le 27 (15 juillet), et le fort, le 29 (17 juillet), tombèrent au pouvoir des Turcs ; ils s’y fortifièrent en attendant l’arrivée de Mourad qui, de l’intérieur, devait marcher à leur rencontre ; celui-ci s’était, vers le 22 (10 juillet), avancé jusqu’au lac Natron ; mais il se fit battre par Murat, ce qui empêcha cette jonction. Le 7 thermidor (25 juillet), Bonaparte, ayant réuni ses forces, attaqua les Turcs. Cette bataille d’Aboukir sur terre eut une issue plus heureuse que celle du même nom sur mer : l’armée turque fut écrasée et son général, Mustapha, fait prisonnier ; plus de 2 000 hommes, réfugiés dans le fort d’Aboukir, durent se rendre le 15 (2 août). C’est après sa si complète victoire du 7 thermidor (23 juillet 1799), après le 15 (2 août), précise l’ouvrage déjà cité du général Bertrand (t. II, p. 141), que Bonaparte, ayant envoyé un parlementaire à bord de la flotte anglaise pour traiter de l’échange de prisonniers, reçut de Sidney Smith un paquet de journaux anglais et francfortois allant jusqu’au 22 prairial (10 juin).

Ici se pose la question de savoir si Bonaparte, pendant son séjour en Égypte, fut suffisamment informé des affaires de France.

M. Boulay de la Meurthe, dans son ouvrage Le Directoire et l’expédition d’Égypte, a très consciencieusement cherché à établir la liste des courriers expédiés et parvenus à destination de part et d’autre. De son exposé, il ressort que Bonaparte a eu par le courrier Lesimple, arrivé au Caire le 23 fructidor an VI-9 septembre 1798 (p. 225), des nouvelles allant jusqu’au commencement de thermidor (fin de juillet) ; que les communications ont été possibles jusqu’au milieu de pluviôse an VII (fin de janvier 1799) par Tunis et Tripoli (p. 232) ; que, le 7 pluviôse (26 janvier), parvenait à Alexandrie un bateau ragusais ayant à son bord deux Français porteurs de journaux du 11 brumaire (1er novembre) pris en passant à Ancône ; ces deux Français, Hamelin et Livron, causèrent avec Bonaparte, le 20 pluviôse (8 février), avant son départ pour la Syrie (p. 229) ; que, le 5 germinal (25 mars), Bonaparte recevait devant Saint-Jean-d’Acre les nouvelles apportées par un nommé Mourveau parti de Paris le 10 nivôse (30 décembre) et qui, le 7 pluviôse (26 janvier), en s’embarquant à Gênes, avait reçu de notre consul Belleville des « instructions et plusieurs caisses de journaux » (p. 233). Bonaparte, dans les premiers jours de germinal an VII (fin de mars 1799), connaissait donc ce qui s’était passé en Europe jusque vers la fin de nivôse (milieu de janvier). Nous avons vu qu’au milieu de thermidor (début d’août), il avait été renseigné par les journaux de Sidney Smith jusqu’au 22 prairial (10 juin) ; enfin, le 19 thermidor an VII (6